C’est avec cette question que le site américain Biobased Digest a débuté l’année 2013. Outre le démarrage de la production industrielle d’acide biosuccinique chez Reverdia (j-v entre DSM et Roquette) fin 2012, tout reste à prouver en matière de chimie du végétal en 2013. Le site suggère ainsi de suivre attentivement le devenir de 6 projets prévus pour voir le jour en 2013. Tout d’abord à Luverne, dans le Minnesota, Gevo avait achevé la rénovation de son usine d’éthanol pour produire du bio-isobutanol en 2012, avait de revenir à la production d’éthanol. Motif : la technologie de production de biobutanol nécessitait encore des optimisations. Un basculement de l’éthanol vers le biobutanol est à nouveau prévu pour le deuxième trimestre. Verra-t-il le jour ? Puis, les démarrages devraient s’enchaîner notamment dans l’acide succinique avec le projet de Bioamber et de Mitsui à Sarnia, en Ontario, puis le projet de Myriant à Lake Providence en Louisiane. Quid des coûts de production et de la qualité de l’acide succinique proposé par ces différents acteurs, sachant que le biosuccinum de Reverdia multiplie les références ? De son côté, le brésilien Braskem a promis de démarrer une seconde unité de polyéthylène biosourcé ainsi qu’une première unité de propylène biosourcé obtenu par voie chimique à partir d’éthanol et qui pourra ensuite être converti en polypropylène dans une unité classique de polymérisation. Elevance devrait achever la reconversion d’une installation existante à Natchez, dans le Mississippi, en bioraffinerie intégrée, basée sur la transformation d’huiles végétales ou animales. Et pour finir Solazyme devrait être en mesure de produire commercialement des huiles renouvelables à partir de sucre de canne, à Moema au Brésil, dans le cadre d’un partenariat avec la société Bunge.
Pour l’heure, le développement de la chimie du végétal suit donc son cours avec de nombreux projets outre-Atlantique. Cependant l’arrivée des gaz de schiste et les lourds investissements réalisés dans des vapocraqueurs à l’éthane accroissent la pression sur la compétitivité de ces nouveaux produits biosourcés, alors que le consommateur n’est finalement pas prêt à payer un premium pour ce type de produits. Si l’acide succinique semble hors de danger, le bioéthanol n’est pas à l’abri de la concurrence d’un éthanol fossile issus d’un éthylène à bas coût. Mais d’un autre côté, les nouveaux craqueurs américains seront alimentés à l’éthane (et non au naphta). Aussi, ils ne délivreront que très peu de C4, confortant la course à l’innovation actuellement engagée pour le développement de molécules en C4 dérivées de végétaux. Les gaz de schiste amènent un fort renouveau industriel aux Etats-Unis, tandis que la chimie européenne voit sa compétitivité un peu plus se dégrader. Au sein de ce nouvel équilibre, la chimie du végétal doit trouver sa place.